Leçons d'Amérique latine

Publié le par Ben

Alors que la France a « le nez dans le guidon » pour élire son chef républicain, à deux semaines des élections présidentielles, et que les sondages (qui nous disent par ailleurs qu’une bonne moitié des Français sont encore indécis) soutiennent que la France est très à droite, traversons donc l’Atlantique, histoire de prendre un peu de distance et d’air frais, pour aller voir ce qui s’y passe, au sud, là où l’on parle Espagnol ou Portugais, et pas seulement.

 

L’Amérique Latine, la mythique, a souvent servi de référent idéologique aux gauches européennes en mal ou en panne d’idées, depuis les aventures révolutionnaires d’Emiliano Zapata au début du siècle en passant par les combats du Che Guevara, l’arrivée au pouvoir et la fin tragique de Salvador Allende ou jusqu’à aujourd’hui l’EZLN du sous-commandant Marcos, les expériences de Porto Alegre et le lancement des FSM, le chavisme au Vénézuéla, etc.

 

Continent foyer de révolutions permanentes, provoquées par le rejet de régimes iniques et d’inégalités abyssales, les luttes d’Amérique Latine apparaissent toujours comme une sorte de laboratoire in vivo d’expériences de gauche difficiles voire impossibles à mettre en œuvre en Europe, continent sans doute trop ancien, trop légaliste, trop blasé d’expériences multiples de révolutions manquées. Alors on regarde de l’autre côté, avec des yeux passionnés et une nostalgie non feinte. Pourtant, pourtant les constats faits là-bas sont transposables ici. Les destructions inhérentes dues à la mondialisation néolibérale et leurs cortèges d’exclus traversent les eaux et les continents. Alors les expériences réalisées là-bas sont toujours riches d’enseignements pour ici.  

 

L'Amérique latine apparaît comme un laboratoire et un enjeu, pour la gauche de gouvernement tout comme pour la mouvance altermondialiste, fédérée autour du Forum social mondial de Porto Alegre au Brésil. Et ces dernières années, quelque chose de géopolitiquement déterminant se déroule là-bas : le basculement à gauche de la quasi-totalité du centre et du sud du continent américain, sous des formes certes différenciées, entre, disons pour faire simple, « gauche d’accompagnement » et « gauche de transformation » vis-à-vis de la mondialisation, mais avec des points communs des plus intéressants.

 

Après avoir été pendant des décennies l’arrière-cour sanglante des Etats-Unis, avec entre autre le sinistre plan Condor, dans les années 1980 et 1990, l’Amérique latine tente de mettre en place un ensemble de réformes sociales, politiques et économiques déterminantes, pour démilitariser les rapports sociaux, démocratiser le pouvoir et libérer l’économie. Mais après les dictatures militaires, ce sont celles du marché et des règles du commerce international qui viennent frapper de plein fouet la majorité de la population. Les Etats-Unis poussent alors à la signature de traités de libre échange. D’abord l’ALENA (accord de libre échange nord américain) avec le Mexique et le Canada avant des traités bilatéraux pour parvenir à leur fin, la constitution de la ZLEA (zone de libre échange des Amériques) sur l‘ensemble du continent.

 

A la fin des années 90 commence alors à se traduire dans les urnes un raz le bol vis-à-vis de la prééminence de règles favorisant avant toute chose le grand voisin américain.

 

Laissons de côté Cuba et son vieux chef Fidel Castro, régime bien entendu anti-américain depuis la chute de Batista en 1959, quelque peu moribond et parmi les derniers Etats communistes de la planète.


Le Venezuela ouvre le bal en décembre 1998. Tout au long des années 90, le pays connaît un climat d’agitation politique et de crises économiques dues entre autre à la dépendance économique vis-à-vis des cours mondiaux des hydrocarbures. En 98, la forte diminution du prix du pétrole entraîne l’aggravation de la crise politique. Les partis traditionnels sont laminés aux élections par Hugo Chavez (photo), à la tête du MVR (Mouvement Ve république), qui entend bien mettre en œuvre une véritable « révolution », qui plus est bolivarienne[1], en faveur de plus de justice sociale et d’une réelle répartition des richesses que procure le pétrole vénézuélien. Depuis lors président du Venezuela malgré les tentatives de déstabilisation de l’opposition et la tenue d’un référendum révocatoire en août 2004, Hugo Chavez est réélu en décembre 2006 avec 63% des voix. Souvent accusé de populisme outrancier et de dérives autoritaires, non sans raison, Chavez a néanmoins réussi à redonner espoir aux couches les plus pauvres par le biais de diverses mesures : nationalisation des immenses propriétés terriennes non cultivées appartenant aux plus riches propriétaires pour les redistribuer à des agriculteurs travaillant dans de petites coopératives. Cela permet de donner du travail aux plus pauvres et de limiter les importations dans un pays endetté. Par ailleurs, un système de banque de semences est mis en place afin de préserver la diversité des plantes et la culture des OGM est interdite. Afin de protéger les petits pêcheurs et la biodiversité maritime, la pêche intensive n’est plus possible dans les eaux territoriales vénézuéliennes.


Malgré la concentration du pouvoir entre ses mains et au-delà de la personnalité controversée de Chavez, véritable personnage de roman à la sauce Garcia Marquez, le Venezuela offre aujourd’hui des caractéristiques de prémices d’une écologie populaire au service des oubliés de la mondialisation.


La puissance régionale de la zone, le Brésil, élit quant à lui, le 27 octobre 2002, Luiz Inácio Lula da Silva (photo), ancien ouvrier syndicaliste, à la présidence de la république. Elu avec 60% des suffrages, Lula devient le premier président de gauche du Brésil, suscitant d’immenses espoirs au sein des couches populaires dans les favelas et les campagnes brésiliennes ravagées par la pauvreté.

 

De 1990 à 2002, les classes dominantes brésiliennes avaient mis en oeuvre un programme néolibéral désastreux pour l’économie et la population, dilapidant les services publics, livrant au capital financier et international les entreprises publiques et privées et provoquant une augmentation désastreuse de la dette. Résultat de cette politique, le Brésil se retrouvait à payer les intérêts les plus élevés de la planète et c’est la population qui payait les pots cassés.

 

Mais à l’arrivée de Lula au pouvoir, celui-ci agit d’abord pour répondre aux exigences du Fonds monétaire international, tout en militant néanmoins avec l'Argentine pour leur assouplissement, tant et si bien que fin 2003 les demandes du FMI sont même dépassées. En octobre 2006, malgré les déceptions et les scandales de corruption ayant frappé le Parti des Travailleurs, Lula est réélu président.

Les mouvements sociaux, s’ils ont participé à la prise du pouvoir par Lula, restent critiques vis-à-vis de sa politique économique. Le MST (Mouvement des sans terre, immense organisation de quelques 1,5 millions de membres) se manifeste régulièrement pour protester contre la lenteur de la réforme agraire, la priorité donnée à l’agrobusiness et la non réalisation du Plan national de réforme agraire.


Clairement écolo et résolument populaire, les sans terre brésiliens ont construit des milliers d’écoles et obtenu des financements publics pour leur fonctionnement. Ils ont permis la scolarisation de centaines de milliers d’enfants des couches populaires. Le MST défend par ailleurs une agriculture traditionnelle à l’opposé de l’agro business promu par les multinationales.  


Même si Lula n’a pas réussi à répondre aux immenses espoirs qu’avait suscité son élection, il reste néanmoins un interlocuteur ouvert pour le mouvement social brésilien.


L’autre grand pays de la zone, l’Argentine, est dirigé depuis mai 2003 par un président de centre gauche et péroniste[2], Nestor Kirchner (photo, à gauche avec Morales, Lula et Chavez).

 

En décembre 2001, l’Argentine connaît la pire crise économique de son histoire. Les politiques néolibérales, notamment les ajustements structurels réclamés par le FMI et la Banque mondiale, ont mené l’Etat à la faillite totale. Le discrédit frappe alors l’ensemble de la classe politique. Tous les Argentins se retrouvent dans la rue : des « piqueteros » (chômeurs bloquant les routes pour réclamer du travail) aux couches favorisées, dont les banques ont confisqué les économies, en passant par les classes moyennes, paupérisées en quelques mois.


Le président d’alors, Fernando De la Rua, doit abandonner le pouvoir à la suite de gigantesques manifestations et d’une répression sauvage (faisant une trentaine de morts et des centaines de blessés).


Après cinq présidents en une dizaine de jour, Eduardo Duhalde réussit à stabiliser l’économie, mais la crise sociale continue d’envenimer le pays.


Néstor Kirchner est alors élu en mai 2003 et reprend à son compte une partie des revendications des Argentins. Il prend ses distances vis-à-vis des institutions internationales en développant un discours antilibéral et épure l’armée des derniers reliquats de la dictature en faisant annuler les lois sur l’impunité pour les responsables de la disparition de 30 000 opposants entre 1975 et 1983. Avec seulement quelques programmes d’assistance aux plus démunis, Kirchner réussit l’exploit de désamorcer la bombe des protestations des millions d’Argentins qui vivent sous le seuil de pauvreté. C’est surtout la reprise économique, avec baisse du chômage et hausse de la consommation, qui redonne espoir à la population. Pourtant les inégalités demeurent flagrantes, mais par sa politique de centre gauche habile, le président péroniste a réussit à faire le vide politique sur sa gauche.


Néanmoins, de nouvelles luttes émergent parallèlement à la prise du pouvoir par Kirchner. Au plus fort de la crise argentine, de nombreuses entreprises en faillite sont occupées par les ouvriers et transformées en coopératives. Elles sont devenues un symbole de lutte contre la désindustrialisation du pays mais également un symbole altermondialiste de résistance à l’ordre néolibéral, popularisé par Naomi Klein dans son documentaire « The Take ». Aujourd’hui, ce sont près de 160 entreprises récupérées qui produisent selon un modèle de coopérative, de l’hôtellerie de luxe au textile en passant par les machines agricoles.


C’est également et surtout autour des questions écologiques que naissent de nouveaux mouvements sociaux. Celui notamment de la ville de Gualeguaychu (située à 30 km de la frontière avec l’Uruguay), où des « assemblées » de citoyens s’opposent à la création de papeteries en Uruguay. La population, qui craint une contamination de la rivière, bloque les ponts reliant les deux pays, envenimant au passage les relations entre Buenos Aires et Montevideo.


En Uruguay d’ailleurs, depuis le 1er mars 2005, c’est Tabaré Vazquez qui est président de la République. C’est la première fois depuis 150 ans qu’un homme de gauche, ne faisant parti ni du parti Colorado (libéral) ni du parti Blanco (conservateur), est élu à la tête de l’Etat. Il fut supporté par les descendants des peuples Guarani et Charrua, amérindiens exterminés presque entièrement à partir de l’indépendance du pays en 1830. La victoire de Vasquez est sans conteste celle du mouvement social uruguayen, même si celui-ci reste méfiant vis-à-vis d’une gauche plutôt modérée. Les « indigènes » locaux, s’ils n’ont pas encore l’un des leurs au pouvoir, disposent enfin d’un interlocuteur à Montevideo qui ne peut les marginaliser comme l’ont fait tous ses prédécesseurs.


Plus à l’Ouest, au Chili, c’est Michèle Bachelet, femme de gauche, qui accède au pouvoir en janvier 2006. Ségolène Royal s’était d’ailleurs rendu à Santiago pour la soutenir avant son élection, tandis que les éléphants du PS, pris de court médiatiquement, barrissaient sous la pluie de Jarnac en  hommage à Mitterrand. Une femme socialiste au pouvoir au Chili, bien que modérée, c’est toutefois assez gênant pour Washington qui aimerait bien imposer son hégémonie économique sans condition dans la zone.

 

Mais deux pays dans la région ont fait le choix d’une gauche résolument alternative par rapport à l’ordre mondial dominant :

 

-la Bolivie tout d’abord, pays marqué depuis son indépendance en 1825 par de nombreux coups d’état et surtout par la mise à l’écart et le quasi esclavage de la majorité de sa population, indigène.

 

En janvier 2006, Evo Morales (photo), syndicaliste issu d’une modeste famille de paysans Aymara[3], accède à la présidence de la République, porté par le mouvement social. Alors que depuis des siècles, la Bolivie voyait l’ensemble de ses ressources naturelles exploitées par les colons puis par les multinationales étrangères, une des premières mesures de Morales est la nationalisation des hydrocarbures, présents en grand nombre dans le sous-sol bolivien, et la renégociation des contrats avec toutes les entreprises étrangères.

 

Une des batailles symboliques qui avait réussi à cristalliser le mouvement social bolivien fut celle de l’eau dans la ville de Cochabamba : en 1999, le gouvernement néolibéral d’Hugo Banzer favorise la privatisation des services de distribution de l’eau de Cochabamba au profit d’une filiale de la Lyonnaise des eaux. Mais les habitants refusent cette appropriation d’une ressource vitale. Les populations rurales et urbaines s’unissent alors pour revendiquer l’annulation du contrat de concession du consortium international et la modification de la loi encadrant les droits de propriété et de gestion de l’eau. Les manifestations accompagnant ces revendications sont d’abord réprimées par l’armée avant que le gouvernement n’accepte de re-nationaliser la gestion de l’eau.

 

Après cette première victoire décisive, le mouvement social réussit donc à faire élire un indigène issu du peuple, Evo Morales, au poste suprême. Et celui-ci s’oppose à la privatisation des ressources naturelles au profit des multinationales étrangères. Pour contrer la volonté impérialiste américaine et sa ZLEA, Morales se rapproche également de Chavez et de Castro pour promouvoir l’ALBA, Alternative bolivarienne pour les Amériques, se voulant une organisation de coopération intégrée dans les domaines social, économique et politique, à la philosophie bolivarienne fondée sur plus d’égalité et de justice sociale, et pas seulement sur des échanges commerciaux.

 

La lutte contre l’appropriation des ressources naturelles et pour les droits des « indigènes » en Bolivie a ainsi gagné plusieurs rounds, mais le combat contre les multinationales et l’ordre néolibéral à volonté hégémonique porté par Washington est loin d’être terminé. Néanmoins, les mouvements sociaux boliviens sont riches d’enseignements pour les mouvements sociaux français et européens portés par des valeurs d’écologie populaire, même si nos « indigènes » ne sont pas les leurs et que le processus de privatisation des ressources est moins violent, ou sans doute moins visible et plus pernicieux, dans nos contrées[4].

 

-En Equateur ensuite :ce petit pays, à peine grand comme la moitié de la France, bascule à gauche en novembre 2006, avec la victoire de Rafael Correa (photo, au centre avec Chavez et Morales), socialiste et professeur d'économie, à l'élection présidentielle. Rafael Correa et son jeune parti, l'Alianza Pais, obtiennent 58% des suffrages face au néolibéral et roi de la banane Alvaro Noboa, homme le plus riche du pays.

 

A l’image d’Evo Morales, Correa a été porté au pouvoir par le mouvement social, et notamment la puissante Conaie (Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur) qui représente les intérêts des amérindiens locaux, jusqu’alors exclus des politiques publics, bien que constituant un tiers de la population. La Conaie défend notamment la culture et le mode de vie traditionnel des indigènes, basés sur le respect de la « Pacha Mama », la terre nourricière, et non sur son exploitation outrancière telle que la pratiquent les multinationales. Voici ici encore un exemple d’écologie populaire ayant réussi à ouvrir une brèche dans le champ politique pour accéder au pouvoir. Mais comme pour le Brésil ou la Bolivie, où les attentes populaires, immenses, sont parfois déçues, il faut se méfier des retours de la realpolitik et de la « tyrannie de la réalité[5] » imposés fortement par le contexte international. Le nouveau pouvoir en place à Quito s’inscrit en tous cas dans un mouvement général en Amérique Latine de contestation de l’ordre mondial néolibéral.

 

Cette vague contestataire s’étend également jusqu’au Mexique, où malgré la victoire récente de Felipe Calderon, serrée et contestée face à Lopez Obrador, un mouvement social immense et influent existe, incarnée notamment par le sous-Commandant Marcos et l’EZLN (Armée Zapatiste de libération nationale).   

 

Avec l'accès de la gauche au pouvoir et l'apparition de nouveaux leaderships, notamment « indigènes », l'effervescence sociale a trouvé un débouché inédit dans plusieurs pays latino-américains et est porteuse d’un grand espoir pour tous les indigènes et autres exclus de la mondialisation partout sur la planète. Les modes d’action de tous ces mouvements doivent être étudiés de prêt, pour inspirer les « indigènes » ici, vivant dans les quartiers populaires et eux aussi exclus de l’ordre économique régnant , pour un modèle alternatif, résolument écologique, profondément populaire.

 

Alors en France, la gauche ferait bien de s’inspirer de tout ceci pour réfléchir à son modèle idéologique en perte de vitesse, surtout la gauche dite « de gouvernement ». Certes Ségolène Royal s’était rendue au Chili pour soutenir Michèle Bachelet, femme socialiste. Mais il s’agissait avant toute chose de faire de belles photos de deux FEMMES, dites « de gauche », en course pour le poste suprême. Mais en dehors de cette opération marketing, quelles leçons le parti socialiste français tire des victoires des gauches un peu partout en Amérique Latine ? Pourquoi n’est-il pas ici la courroie de transmission des mouvements sociaux ?

 

La France ne manque pourtant pas de mouvements, médias et organisations altermondialistes susceptibles de fournir des idées et des modèles alternatifs, d’ATTAC au Cédétim en passant par le Monde diplomatique, la revue Mouvements, les Forums sociaux locaux, certains syndicats (SUD, la Confédération paysanne), etc. De nombreux Français sont également présents dans chaque Forum social mondial.

 

Et pourtant… Pourtant tout cela ne se traduit pas électoralement parlant. José Bové, candidat altermondialiste, n’a pas réussi pour le moment à recueillir sur son nom toute cette dynamique, à cause des querelles de boutiques (principalement PC et LCR) mais également sans doute en raison d’une campagne trop tardive et improvisée, et au nom de l’antilibéralisme plutôt que de l’écologie politique, pourtant seule idéologie réellement digne du XXIe siècle. Cette dernière se retrouve alors incarnée par la candidate des Verts, Dominique Voynet, dont l’image pâtie d’une expérience gouvernementale qui a laissé de mauvais souvenirs. Et puis une élection présidentielle au suffrage universelle, par définition hyper personnifiée, ne convient pas forcément à une galaxie de mouvements altermondialistes se méfiant de ce type d’exercice à haute valeur démagogique.      

 

Du coup les électeurs français qui en ont marre, qui veulent faire « péter le système », ont perdu leur boussole électorale. Les exclus de la globalisation économique, jeunes diplômés en stage, sans diplôme en intérim, sans logis, ouvriers, paysans, retraités, immigrés (ceux qui ont le droit de vote bien sûr), etc. (et ça en fait du monde), semblent tentés par un vote contestataire…Bayrou…ou Le Pen. Cherchez l’erreur ! Je ne veux certes pas les mettre dans le même panier. Bayrou, bien qu’ayant toujours été de droite et dont tous les élus de son parti, l’UDF, ont été élus par des accords avec l’UMP, a mené une campagne républicaine contestataire habile contre le gouvernement en place. L’autre, sous ses airs de grand père débonnaire, reste un dangereux démagogue d’extrême droite aux propos nauséabonds qui n’ont pas changé d’un iota depuis des décennies, malgré toutes les tentatives de normalisation menées par sa fille Marine.

 

Et des électeurs qui devraient « naturellement » se tourner vers l’altermondialisme semblent tentés soit par l’ « extrême centre », soit par l’extrême droite. Finalement, alors que les regards « antisystèmes » devraient convergés vers l’Amérique Latine, beaucoup semblent s’inspirer de l’Allemagne : pour son passé immonde, avec Le Pen (oui, oui, le FN aura beau protester, c’est en France le seul parti assez malade pour défendre le nazisme), pour son présent indécis, avec Bayrou (qui s’inspire de la coalition droite-gauche allemande au pouvoir, qui pourtant ne fait pas que des émules outre Rhin et est plutôt taxée d’immobilisme). Il faut dire aussi que la place laissée aux questions internationales durant la campagne a été plutôt ridicule, alors que tout le monde nous rabat par ailleurs les oreilles avec la mondialisation. Nous verrons bien le soir du 22 avril.  

 

En tous cas, nous risquons tous d'en perdre notre géographie, et pas seulement.  


Benjamin Joyeux



[1] En référence à Simon Bolivar, général et homme politique vénézuélien, figure emblématique des indépendances des colonies espagnoles au 19e siècle.

[2] Juan Domingo Perón (1873-1974), militaire argentin qui fut président de l'Agentine du 4 juin 1946 au 21 septembre 1955 et du 12 octobre 1973 au 1er juillet 1974.

[3] Aymara désigne à la fois un peuple originaire de la région du lac Titicaca, au croisement de la Bolivie, du Pérou et du Chili, et une langue véhiculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'Uru ou l'Uchhumatagu de Bolivie. Contrairement à une opinion répandue, ce n'est pas le Quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle de l'empire inca.

[4] Pour une histoire « populaire » de l’Amérique Latine en général et de la Bolivie en particulier, lire « les veines ouvertes de l’Amérique Latine », du remarquable poète uruguayen Eduardo Galeano.

[5] Titre d’un ouvrage de Mona Chollet.

Publié dans Pensée du jour

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