Candidat non génétiquement modifié

Publié le par Ben

L'un part, l'autre arrive, du moins peut-être. Nous le saurons le 1er février. En tous cas, ce lundi 22 janvier 2007 est un jour de turbulences dans le monde de l'écologie: Nicolas Hulot vient d'annoncer ce matin qu'il ne se présenterait pas à l'élection présidentielle. José Bové lui, n'a pas encore renoncé à se présenter. Il annoncera sa décision définitive le 1er février.

"OUF!"
C'est l'expression qui doit revenir le plus souvent aujourd'hui dans les différentes écuries politiques à l'annonce du retrait de Nicolas Hulot, le très populaire défenseur du Pacte écologique, signé par plus de 500 000 personnes, dont la majorité des candidats aux présidentielles d'avril prochain.
Le très populaire animateur de TF1 ne se présente donc pas, malgré les sondages le créditant de 11% des intentions de vote. Il a en fait donné trois raisons à sa décision:
Il a tout d'abord choisi de "faire confiance à la parole des candidats" dont la majorité a signé son pacte.
Il considère ensuite que c'est "une question d'honnêteté vis-à-vis des militants écologistes", car en se présentant il aurait "entraîné à leur corps défendant tous ceux qui se battent pour la cause". Or "un faible score réduirait vulgairement à un simple chiffre un enjeu aussi magnifique" que celui de la défense de l'environnement.
Sa troisième raison réside dans le fait qu'il est "convaincu qu'en restant à l'écart des jeux du pouvoir l'élan du pacte va se transformer en véitable lobby des consciences". Ainsi Nicolas Hulot a décidé de "suspendre (son) ingérence politique". Il a ajouté devant la presse que durant la campagne, il ne soutiendrait aucun candidat politique, ce afin que sa démarche puisse rester transpartisane.
Cette décision est tout à son honneur. Elle montre la sincérité des convictions de Nicolas Hulot, pour qui la priorité n'était donc pas de tenter une nouvelle carrière mais bel et bien de mettre en avant l'urgence de la crise écologique. Je m'étais montré assez critique vis-à-vis de sa personne et de sa démarche dans les pages de ce blog (voir les deux articles Ecologie et démagogie), dubitatif quant aux réelles convictions écologiques d'un homme aussi ancré dans le système et aussi proche de grands groupes industriels tels que L'Oréal. Je ne le regrette pas mais je souligne aujourd'hui que Nicolas Hulot, quel que soit son parcours par ailleurs, a fait avancer dans l'opinion publique la question de la nécessaire prise en compte de l'écologie. Il est regrettable qu'un parti comme les Verts n'ait pas réussi à le faire après 20 ans d'existence, mais c'est comme ça. Alors merci monsieur Hulot et à bientôt!

Autre évènement, ce week-end à Montreuil. Devant 600 délégués de 300 organisations altermondialistes, José Bové, le plus célèbre moustachu du Larzac, a déclaré qu'il avait "
un picotement dans le ventre." "Si vous avez envie d'y aller, moi aussi j'ai envie d'y aller, on a envie d'y aller ensemble", a t'il rajouté samedi. Une envie réitérée dimanche, puiqu'il a déclaré: "j'annoncerai ma candidature le 1er février". Alors voilà, Hulot s'en va, Bové revient.

L'altermondialiste avait pourtant renoncé à se jeter dans la fosse aux lions après avoir constaté la mauvaise fois de la direction des communistes, qui avait tout fait pour imposer Marie-Georges Buffet, de même que la LCR qui envoyait Besancenot au casse-pipe. Ces logiques de partis avaient profondément découragé notre destructeur de MacDo préféré, voyant l'impossibilité de construire un grand rassemblement de la gauche antilibérale tel qu'apparu au soir du 29 mai 2005. Devant tous ces militants qui réclamaient le retour du messie moustachu, et surtout devant le succès de la pétition réclamant sa participation aux élections présidentielles (25 000 signatures avant ce week end, alors que José en réclamait 10 000 pour éventuellement repenser à sa candidature), Bové a eu le ventre qui le picote. Espérons que ce ne soit pas une gastro mais bel et bien l'envie dans découdre dans cette élection qui est de toute façon un exercice totalement démagogique (peoplisation au détriment des idées politiques). La campagne étant pour l'instant, ce quel que soit le camp, profondément franco-franchouillarde, je dois dire qu'un authentique alter venant foutre les pieds dans le plat et emmerder les autres sur les questions telles que l'écologie à l'échelon international, la souveraineté alimentaire ou encore les conditions de vie des paysans dans le monde, j'en souris d'avance.

Alors que se tient à l'heure actuelle le Forum Social Mondial à Nairobi, et que les principaux candidats s'en foutent éperdument, l'arrivée éventuelle de José Bové dans la course aux présidentielles vient à point nommé pour secouer la fourmillière.

Dominique Voynet vient à peine d'échapper à la menace Hulot. Si Bové se présente, une bonne partie des Verts le suivra sans doute. Ca se passe comme ça avec les écolos. La légitimité, ça ne s'acquière pas facilement et ça ne se conserve pas longtemps. Enfin, une seule chose à dire: Merci Nicolas Hulot, aller José Bové et courage Dominique Voynet!
Espérons toutefois que tout ceci ne vienne pas affaiblir la gauche au profit de l'excité du karcher. Il faut sans doute envisager le rassemblement à la gauche de la "gauche". Cela concerne plus les cocos et les révolutionnaires qui se la jouent solo que les Verts qui comme d'habitude vont juste se la jouer bordéliques. Alors, tout le monde derrière le moustachu du Larzac ou tous les écolos derrière Voynet? Finalement, la non candidature de Nicolas Hulot ne facilite pas pour longtemps la candidature Verte.

Publié dans Actualité Bin Jamin

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